4 juin 2012

Du mépris au respect


     « 100 jours de grève, 100 jours de mépris ».  La bannière qui portait cette inscription à la marche du 22 mai résume le nœud du problème. La semence du mépris risque d’entraîner des dommages plus importants que toute hausse ou gel des frais de scolarité. Traiter les jeunes comme des agitateurs puérils et irresponsables équivaut à saper la base même du lien social : le respect mutuel. C’est la qualité humaine de notre société qui est ici en cause.
    Une génération se sent flouée. Un gouvernement se défend en répondant par la bouche de ses accommodements partiels, mais fait la sourde oreille sur le fond du problème. Des ministres sont envoyées au front par un chef manifestement dépassé. Elles ne réussissent qu’à créer l’illusion d’une négociation. Des démagogues jouent ensuite de la statistique en faisant semblant d’ignorer que les verts comme les rouges s’insurgent contre la loi spéciale. Devant une telle mascarade, la rue proteste contre le mépris et réclame le respect. Le premier ministre ne trouve d’autre réplique que le recours à la force policière. Peine perdue ! Ni l’escalade des arrestations ni une pluie d’amendes ne pourront faire reculer l’affirmation de dignité qui s’exprime à travers les grandes manifestations étudiantes. Et toute tentative de négociation achoppera sur la méfiance qu’un durcissement de la répression ne pourrait que nourrir.
    Quoi faire ? Commencer par un geste fort de reconnaissance et de respect, pour rétablir la confiance et rendre possible une véritable négociation de bonne foi dans l’ouverture au compromis de part et d’autre. Ce geste pourrait être la suspension temporaire de la loi 78 et de l’augmentation des frais de scolarité. Un tel geste de bonne volonté devrait inciter les associations à faire un appel au calme, afin de mettre fin rapidement aux débordements, de ramener la paix sur la rue et de laisser les pourparlers se dérouler dans la sérénité. Il ne ferait perdre la face à personne et favoriserait l’atteinte d’une décision juste et socialement acceptable.

Le Groupe de théologie contextuelle québécoise,

par Michel Beaudin, Céline Beaulieu, Guy Côté, Lise Lebrun et Richard Renshaw,

Montréal, 24 mai 2012